Blu-ray Les Yeux de sa Mère : Interview de Thierry Klifa !

A l’occasion de la sortie du Blu-ray, j’ai eu l’opportunité de poser quelques questions à Thierry Klifa, réalisateur de Les Yeux de sa Mère.

Comment êtes- vous arrivé sur ce film ?
TK. A la fin du tournage du Héros de la famille, mon précédent film, j’avais envie de retrouver Catherine Deneuve et Géraldine Pailhas, d’écrire pour elles une histoire où elles auraient des rapports conflictuels de mère et fille. Parallèlement à ça, je voulais faire un mélodrame, un vrai mélodrame dans la lignée des films de Douglas Sirk, de Kazan, de Truffaut ou même d’Almodovar… Mais un mélodrame contemporain qui flirterait avec le film noir et puiserait ses racines dans notre époque. Je voulais des personnages d’aujourd’hui : un écrivain, une journaliste télé, une danseuse, un jeune boxeur… Avec au centre des thématiques qui, finalement, que ce soit conscient ou pas, se retrouvent dans tous mes films : la transmission, l’appartenance, le deuil, l’abandon, les secrets de famille…

Quel est votre “secret” pour réunir un tel casting ?
TK. J’aime les acteurs. J’ai toujours aimé les acteurs. Sans doute qu’ils le sentent… Après, ce que je veux, c’est mélanger les familles, acteurs connus et moins connus, faire se croiser des acteurs qui n’ont jamais travaillé ensemble comme Catherine Deneuve et Marisa Paredes, Géraldine Pailhas et Nicolas Duvauchelle, mettre au milieu d’acteurs chevronnés comme Marina Fois et Jean-Marc Barr, un débutant comme Jean-Baptiste Lafarge dont tout le monde a salué les premiers pas…

[…]

Quelle expérience retenez-vous sur Les yeux de sa mère ?
TK. J’ai eu l’impression à travers ce film d’aller plus loin, aussi bien dans la narration qu’avec les acteurs, d’être plus à l’aise aussi avec le côté technique de la mise en scène, ça vient beaucoup de ma rencontre avec Julien Hirsch mon chef opérateur… Je suis très fier des Yeux de sa mère parce qu’il ressemble vraiment au film que j’avais en tête et aborde un genre qui n’est pas vraiment abordé en France.

Votre meilleur et votre pire souvenir de tournage ?
TK. Peut-être que mon meilleur souvenir, c’est le premier jour de tournage de Jean-Baptiste Lafarge. On avait beau avoir fait beaucoup d’essais, cela restait une énigme de savoir comment il allait se comporter une fois sur le plateau. Tout de suite, il a été le personnage et nous avons tous senti qu’il allait être à la hauteur des autres. Impressionnant. C’est émouvant pour un metteur en scène de faire naître un acteur… Mon pire souvenir, c’est le dernier jour de tournage, quand on doit tous se quitter. Il y a quelque chose à chaque fois de très mélancolique pour moi, quelque chose auquel je ne me fais pas… Là, c’était gare Montparnasse, à deux heures du matin et pour que la séparation soit moins malheureuse Catherine Deneuve avait préparé un risotto au champagne pour toute l’équipe !

Cinéphile et précédemment journaliste de cinéma, quel regard portez-vous sur l’évolution du cinéma et comment voyez-vous l’avenir de ce dernier ?
TK. Je vais beaucoup au cinéma et je suis agréablement surpris de voir à quel point les gens ont une vraie curiosité pour des films qui sortent des sentiers battus comme Mother, Une séparation ou Pater… S’il y avait une tendance, je dirai qu’un certain cinéma narratif et romanesque avec lequel j’ai grandi (celui de Truffaut, Sautet, Téchiné…) et que j’aime énormément a moins sa place ces derniers temps. Comme si le public avait d’avantage besoin qu’on lui parle directement de lui, de la société, de faits divers retentissants… Après je me méfie des bilans et des perspectives, il suffit parfois d’un film pour inverser la tendance.

A ce sujet, que pensez-vous de la 3D ?
TK. Pas grand chose ! Est-ce que les films seraient moins intéressant s’ils n’étaient pas tourné en 3D. Je ne sais pas, c’est sans doute vrai pour Avatar ? Mais je ne pense pas qu’Alice au pays des merveilles de Tim Burton, film que par ailleurs j’aime beaucoup, y ait gagné quoi que ce soit. J’attends quand même avec impatience de voir l’Astérix de mon ami Laurent Tirard qui sera en 3D.

Que pensez-vous du nouveau format vidéo qu’est le Blu-ray ? Trouvez-vous que la Haute Définition apporte un plus à votre œuvre ?
TK. J’adore. Le seul souci, c’est qu’ayant une grosse collection de DVD, je suis toujours tenté de racheter les films que j’aime le plus dans ce format-là. Ce que je viens de faire avec des œuvres aussi différentes qu’Il était une fois en Amérique, Le mépris, Le dernier tango à Paris, Le guépard ou les Kubrick!

Êtes-vous un consommateur de Blu-ray Disc ?
TK. Enorme consommateur ! Mon dernier achat : Les mystères de Lisbonne de Raoul Ruiz. Sublime !

Comment pourriez-vous présenter le film afin de donner envie à mes lecteurs d’acheter le Blu-ray ?
TK. Comme je vous l’ai dit, c’est un film dont je suis très fier. Peut-être celui dont je suis le plus fier. Les acteurs sont magnifiques. J’ai aimé les filmer et leur donner des rôles qu’ils n’ont jamais tenus. La musique est de Gustavo Santaolalla dont j’admire particulièrement le travail. Et puis, c’est un mélo, genre assez rare en France. Un mélo avec du suspense!

Quels sont vos futurs projets ?
TK. Je travaille avec Christopher Thompson sur le scénario de son prochain film En bas des marches que nous écrivons avec Danièle Thompson. Je travaille également sur mon prochain film Sept ans d’absence que j’écris avec Christopher et Marcia Romano. Et je mets en scène L’année de la pensée magique, une pièce américaine de Joan Didion (dont nous avons signé l’adaptation avec Christopher) au Théâtre de l’Atelier (à partir du 2 novembre) avec une actrice que j’adore et avec qui je rêvais de travailler depuis longtemps : Fanny Ardant.

Un grand merci à Thierry Klifa d’avoir pris le temps de répondre à mes questions, à France Télévisions Distribution et à Sophie Lefevre, sans laquelle cette opportunité n’aurait pu avoir lieu.

Cédric // www.blurayenfrancais.com

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